Tinyndel est un elfe de grande taille et d'allure mince. De loin, on peut apercevoir, sur un mètre quatre-vingt et quelques soixante-cinq kilogrammes, des épaules étroites, des mains fines, des jambes élancées et une démarche gracieuse, fière, élégante. De plus près, on le reconnait particulièrement à sa chevelure : bien qu'elle soit longue et coiffée à la manière de ses semblables - il lui arrive tout de même de ne pouvoir dompter ces quelques mèches rebelles qui lui obstruent la vue - elle a la particularité d'être de couleur blanche. Cette couleur claire va de concert avec sa peau elle même blanche et ses yeux bleu-ciel. Son visage maigre, ses joues creusées, son nez droit, sa bouche mince ainsi que son menton arrondi lui donnent l'apparence d'un jeune garçon aux alentours de la vingtaine ; on pourrait toutefois le penser plus vieux à cause de son humeur sobre. Sa voix est entre les aigus et les graves ; juste assez pour le distinguer en tant que mâle. On le verra très souvent vêtu d'habits très legers, dont les couleurs sont en harmonie avec la nature : l'elfe n'échappe ainsi pas à la règle et préférera revêtir des coutures profondément verdâtres. Il ne possède aucun accessoire ni de séquelle particulières sur son corps ; si ce n'est la couleur de ses cheveux qui n'est pas innée...

L'elfe est d'un perfectionnisme et d'une grâce sans pareille. Très exigeant envers soi-même, il fera son possible pour satisfaire son entourage tout en respectant ses profondes convictions et ses principes infaillibles quant au respect de la nature. Et cela inclut autant la faute que la flore. Peu d'individus connaissent personnellement Tinyndel. On voit cet elfe comme quelqu'un d'impartial, froid voire hautain à cause de sa dégaine. Il s'agit seulement d'une culture sur lui-même, d'un code de l'honneur personnel qui régit presque la totalité de son être. Tous ces automatismes lui permettent ainsi de se concentrer sur ses semblables, pour qui il vit : conscient de la rudesse du monde, Tinyndel choisira toujours d'aider son prochain et le meurtre en dernier recours. Conscient qu'il dispose de la nature comme allié, il n'hésitera tout de même pas à faire preuve de loyauté envers ses amis et ses ennemis, quitte à ce que ces derniers soient fourbes. Tinyndel attache énormément d'importances aux valeurs, notamment l'honneur, la bienveillance, la droiture et l'honnêteté. Valeurs qu'il peut parfois pousser à l'extrême, ce qui peut constituer des défauts.

L'automne commençait peu à peu à s'affirmer. De jour en jour, les feuillages passaient d'une couleur verte terne à un teint marron orangé. Et ce peu importe les contrées. Non, aucune n'échappait à la règle. Et s'il y avait bien un royaume qui ressentait cette mutation de la nature, c'était bien le royaume des elfes. D'autant plus ce couple commun qui vivait, comme on dit, d'amour et d'eau fraîche, dans leur humble hutte au beau milieu de leurs congénères. La vie était paisible mais cela faisait presque quinze ans que les conflits déchiraient les différents peuples d'Edonna. Aussi fallait-il préserver l'espèce, procréer, transmettre. Ainsi naquit un elfe, témoignant de l'union de ce couple dont il était question. Mais il était difficile, pour la plupart des femelles, de rester en vie après l'accouchement. Une mère donna donc la vie en échange de la sienne, et laissa s'échapper, dans un dernier soupir, "Tinyndel". Bien qu'il s'agissait d'un évènement logiquement heureux, quelle tragédie fût-ce pour le mâle, désormais père, d'avoir perdu sa compagne. Parce qu'il allait aussi se résigner à abandonner le nourrisson ; quelle vaillante elfe aurait accepter de l'allaiter, de l'élever, de le nourrir et de l'éduquer à ses côtés, après tout. Seule son amante y était destinée, et voilà qu'elle avait rejoint les cieux. Désireux de faire survivre sa progéniture, le père s'assura de la confier à un temple qui formait et élevait les elfes dès leur plus jeune âge. Quant à lui, il partit vers de nouveaux horizons, probablement vers les champs de bataille, dédiant sa vie à son peuple, n'en reconnaissant plus sa valeur. On ne le revit plus. Tinyndel était alors sans famille, sans origine et sans racine, laissé avec seul nom Séregon.

Le jeune Séregon grandit alors dans un environnement serein, entouré d'autres enfants dans la même situation. On leur enseignait les arts et les sciences que les elfes se devaient de connaître. L'histoire et la géographie étaient également des disciplines très mises en avant. On leur racontait que certains peuples étaient indésirable, notamment ceux qu'ils appelaient les êtres humains ou encore les dragonniers, pour la simple et bonne raison qu'ils niaient le donné naturel plutôt que de vivre en harmonie avec, comme le font les elfes et les bestiaires. On leur disait aussi que les nains était un peuple à éviter à cause de leur physionomie. Un racisme qu'on essayait d'inculquer aux jeunes elfes, entre autre. Tinyndel grandit ainsi pendant vingt années, endoctriné par les valeurs et l'éthique de son peuple. Il ressemblait à un beau personnage, aux cheveux longs et bruns, à la silhouette gracieuse et à la voix posée. Ce n'est que plus vieux qu'il commença à apprendre les rudiments de la guerre, notamment le tir à l'arc, les premiers soins à l'aide de plantes et comment survivre en milieu hostile. On lui enseigna aussi l'art de l'épée en cas de situation de corps à corps, bien qu'il éprouvait une meilleure aisance pour l'arc. On n'eut d'ailleurs aucun mal à remarquer son intérêt plus prononcé pour le combat. Peut-être était-ce dû à une quelconque blessure de jeunesse, celle de ne pas savoir qui sont ses parents, d'où viennent ses racines, ... Aucun membre de sa famille ne vivait, pas même ses grands parents. La guerre réduisait, en effet, la longévité de chacun de nous. Vint finalement l'apprentissage de la magie, en particulier de l'utilisation de l'élément eau pour Tinyndel. A cinquante ans, il était un combattant accompli, prêt à soutenir ses semblables contre les humains et dragonniers.

Tinyndel était, comme ses confrères, un bon tireur à l'arc. Il ôtait la vie de ses adversaires par dizaine, tirant au loin, rarement agressé. Mais un jour qu'il vadrouillait seul en forêt, en balade solitaire histoire de se remettre en question sur tous ces évènements, il tomba nez à nez avec un humain agressif et apeuré. Tous deux étaient naturellement ennemis à cause de leur race, et Tinyndel dû avoir recours à l'épée pour se défendre au corps à corps. Ce fut son premier meurtre par sa lame. Il survécut de justesse et regarda son ennemi mourir, droit dans les yeux. Ce dernier était emplit de tristesse jusqu'à rester inerte sur le sol, baignant dans son sang. Ce fut un choc particulier pour Tinyndel, d'autant plus lorsqu'il dépouilla le cadavre. Il y avait plusieurs lettres à l'attention de sa femme et de sa fille. Lui s'était battu pour retrouver sa famille un jour ; Tinyndel s'était battu pour son peuple telle une fourmis, sans conviction particulière à un ou plusieurs êtres proches. Il prit soin de garder ces lettres,un petit ouvrage de poche relatant de la cryptographie ainsi que l'arme de son défunt adversaire : un sabre. En effet, cet humain, bien qu'ils n'eurent échangé que quelques mots durant le duel, faisait désormais partie de lui. Tinyndel offrit un enterrement décent et digne de ce nom à sa victime, en pleine forêt. Il prit aussi la décision de s'éloigner de sa civilisation, se retirant en ermite, vagabondant à travers le royaume d'Edonna.

Il fut considéré comme traitre et déserteur par son peuple, ce qui le poussa à fuir ses terres et entrepris des pérégrinations sans but quelconque, tel un nomade avec pour seuls amis la faune et la flore. Il cultiva en solitaire l'art de la cryptographie grâce à l'ouvrage de l'homme qu'il avait tué, et découvrit une nouvelle passion pour le sabre. En effet, il n'utilisait plus que l'arc pour chasser ; et encore, il chassait peu. Les ennemis qui se mettaient en travers de sa route périssaient sous sa lame, à l'aide de son nouveau style de combat pour le peu qu'il avait observé cet homme qui avait changé sa vie. Tinyndel était devenu impartial et impitoyable, choses nécessaires à sa survie. Mais au fur et à mesure qu'il évoluait loin de son peuple, la nostalgie du passé, la frustration de ne pas connaître ses racines ou encore de retrouver la fameuse veuve et son enfant, affectèrent profondément Tinyndel. Sa chevelure prit quelques années à prendre une teinte blanchâtre, telle une malédiction. La nature lui offrait de moins en moins son aide, les animaux commençaient à le fuir, les forêts ne l'écoutaient plus. Tinyndel comprit alors qu'il ne fonctionnait pas de la bonne façon. Quand on ôtait la vie d'un autre, on attaquait en quelque sorte la nature, l'écosystème. Les humains, les bestiaires, les dragonniers et même les nains faisaient partie, au même titre que lui, de l'écosystème. Ainsi il forgea sa nouvelle doctrine sur le respect universel des races, même de la sienne qui l'avait renié. Les meurtres ne survenaient qu'en cas de nécessité extrême, aussi Tinyndel appris à se battre dans un style plus défensif, non plus dans le but de neutraliser la vie de son adversaire mais bien de protéger la sienne. Il sentit peu à peu son harmonie avec la nature se raviver. Sa chevelure, quant à elle, restait la même.

Mais Tinyndel avait maintenant 84 ans. S'il était resté parmi les siens, on l'aurait considéré comme un elfe ayant atteint l'âge adulte. Aujourd'hui, il vagabonde, dans le but de mettre fin à ces conflits et parallèlement de résoudre cette affaire de trésor sans qu'elle ne profite à qui que ce soit. Tinyndel considère qu'elle est à l'origine du mal-être global et qu'il faut l'élucider pour ensuite l'anéantir, quelque soit la nature de ladite chose. Pour le fait de retrouver ses racines et de rapporter cette dizaine de lettres à la veuve et son enfant... On verra plus tard. Alors, scrutant cet horizon pourpre, Tinyndel continuait d'avancer, incertain de son avenir mais gardant la tête haute, confiant.

Maniement de l'arc acquis mais maîtrise davantage l'utilisation d'un sabre au corps à corps. En effet, Tinyndel n'utilise l'arc que pour chasser bien qu'il compose son régime alimentaire de végétaux. La raison pour laquelle Tinyndel n'utilisera jamais d'arc sauf ordre supérieur est qu'il se contrefiche si son adversaire fuit ou lui tourne le dos en cas de fuite ; cela serait en effet trop facile de l'abattre. C'est un adepte du corps à corps qui prime davantage sur des techniques défensives qu'offensives. N'étant pas un grand musclé, il prime effectivement l'agilité et l'esquive. Il utilise également la magie mais uniquement à des fins pacifiques, considérant que cette capacité n'est pas acquise par tout le monde et qu'il serait déloyal de s'en servir en cas de conflit.

Tinyndel est un personnage souple et fin. Il est très calculateur et parvient à bout de ses adversaires en retournant leur propre force contre eux-mêmes. Son mental d'acier lui fait très rarement perdre la tête dans des situations extrêmes, n'accordant que trop peu d'importance à sa vie.

Son manque de force. Dans le cas d'un rapport de force, Tinyndel sera presque toujours perdant. Il encaisse mal les coups, c'est pourquoi il fait tout pour les éviter. Ses blessures le drainent à une vitesse affolante. Son mental de fer peut aussi lui faire défaut à cause de son manque de compassion. Et étant un être de chair, de sang, d'os et d'émotions, il lui arrive de succomber à certaines tentations.